UN « ERIN BROKOVITCH » À LA FRANÇAISE

Mené par une formidable équipe de comédiens, ce film, doté d’une image somptueuse, nous entraine loin dans les arcanes du pouvoir face auquel lutte une jeune femme pour défendre la santé de ses collègues dans une usine polluante. Une remarquable réussite à découvrir sur les plateformes ou en DVD.

Dans l’interview qui figure au programme des bonus du DVD, Farid Bentoumi précise qu’il n’y a pas de mise en scène à proprement parler dans son film « Rouge » et qu’il axe tout sur ses comédiens.  Effectivement, on sent dès les premières images du film ce palpitement de vie, cette complicité dans les gestes et les regards, cette entente fusionnelle entre les personnages et qui font oublier les interprètes au cœur du propos.

Nous sommes quelque part en Isère. Une usine chimique où travaille toute une famille, du père à son futur gendre sans oublier la fille qui vient d’y être embauchée comme infirmière. Cette dernière, prenant son métier à bras le corps, décide de remettre à jour les dossiers médicaux des ouvriers dont certains affichent quelques béances forcément douteuses. Progressivement, et épaulée par une journaliste, la jeune femme découvre que tout repose sur des mensonges et malversations politiques au détriment de la santé des travailleurs…

LA PAROLE AU COEUR DU SUJET

Cet « Erin Brockovich » à la française n’a pas à souffrir de la comparaison avec son illustre aîné made in USA. Le scénario, très travaillé, explore à la fois un contexte familial puissant et la manière dont il peut être dynamité dès que deux entités s’opposent pour des raisons que chacun croit les meilleures. Le propos observe avec une grande justesse cette dichotomie entre ceux qui n’ont pas le droit à la parole (les ouvriers, bien sûr qui souvent savent mais la ferment pour garder leur job) et ceux qui la prennent peut-être un peu trop (la journaliste mais aussi ceux qui parlent beaucoup pour embrouiller les esprits). Et si l’ensemble peut paraître un poil manichéen, cet aspect finit par se faire oublier grâce à cette multitude de scènes où la famille s’avère la clé de voute de cet édifice qui se fragilise lorsque la pierre d’achoppement du conflit s’y pose durablement.

Mené comme un thriller social, « Rouge » est aussi l’occasion de grands numéros d’acteurs. De Sami Bouajila qui décidemment excelle dans tous les registres (de la comédie dans « Embrassez qui vous voudrez » au drame dans « Un fils » qui lui vaudra un César) à Zita Hanrot, magnifique dans ce rôle d’amazone des temps modernes, le casting est parfait. Un film auquel on croit et qui n’a pas peur en jetant un pavé dans la mare (et dans le « y’en a marre »), d’éclabousser certains costards trop bien repassés…

Franck BORTELLE

Rouge, de Farid Bentoumi (2020), durée 1h26 avec Zita Hanrot, Sami Bouajila, Céline Sallette, Olivier Gourmet

En DVD et sur les plateformes

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