DES MURS À ABATTRE

Un double plaisir de retrouver deux artistes déjà évoqués dans nos colonnes et de revoir dans une version améliorée ce spectacle vu il y a quelques semaines en sortie de résidence à l’Institut français.

La peur, ce fardeau qu’on traîne comme un sac trop lourd à porter, érige des murs autour de soi sans pour autant protéger vraiment. Des murs plus de chiffons que de béton. Ce qui les rend d’ailleurs plus facilement destructibles. Reste à vouloir les détruire. Face à ce sentiment universel, unique chez chacun d’entre nous et souvent incoercible, la fuite ou le combat.

C’est autour de cette thématique qui parle à tous que se construit « Vonvonli » (« la peur existe » en langue ewe). Le décor est constitué d’un mur de vêtements de plusieurs mètres de haut et le sol est lui-même jonché de frusques en tous genres. Ces hardes vont servir à exprimer cette peur dont on se drape, qui nous sert de vêtement et dont on n’ose se défaire de peur de finir dans une nudité qui vulnérabilise.

UN BILAN POSITIF À MI-PARCOURS

Sur des musiques entêtantes à souhait, les artistes livrent une prestation incandescente, endiablée et sans temps mort. L’entrée en matière est immédiate et le spectateur ne sera pas lâché durant toute la représentation. Les habituées du Festival quant à eux auront le plaisir de retrouver parmi les artistes la sublime Florence Gnarigo (« La Danse des sept tours ») et le sculptural Koffi-Kégou Afiadegnigman (« La Quatrième ») sans oublier le maître d’oeuvre Kossivi Sénagbé Afiadegnigman que les habitués de l’Institut français du Togo commencent à bien connaître.

L’ambassadeur de France, M. Augustin Favereau, a pris la parole ce mardi 12 décembre pour célébrer ce festival pas comme les autres qui en était à la moitié de son parcours. Il a souligné la diversité, l’éclectisme des lieux autant que des spectacles et félicité tous les artistes pour leur travail et leur acharnement au travail, soulignant l’impérative nécessité de poursuivre ce fructueux brassage entre Afrique et Europe. Des qualités que l’on peut sans coup férir accorder à « Vonvonli » dont la mise en scène parfois très cinématographique (comment ne pas penser à « Pink Floyd the Wall » d’Alan Parker ?) a, une fois encore et quelques semaines après sa sortie de résidence, enchanté les dizaines de spectateurs venus l’applaudir.

Franck BORTELLE

Chorégraphie : Kossivi Sénagbé Afiadegnigman

Direction artistique : Jerry Dos-Orlando

Lumières : Petit Duevi-Tskibiaku

Avec : Florence Gnarigo, Koffi-Kégou Afiadegnigman, Comlanvi Joël Adjamlan, Kodjo Joseph Adando, Farage Barka.

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