BACK TO THE NATURE

Un OVNI dans le paysage cinématographique français, ce film devrait régner un moment en maître du genre. Eblouissant portrait d’un père désemparé et prêt à tout par amour pour son fils, cette fable qui lorgne vers les films de monstres américains mais en beaucoup plus subtil mérite le qualificatif de fantastique à plus d’un titre. Il est désormais disponible sur les plateformes et en DVD.

Un père, son fils et leur chien débarquent dans les Landes pour y être proche de l’épouse et mère qui souffre d’une maladie surprenante l’obligeant à être internée dans une maison spécialisée : elle se transforme en animal. Au cours du convoyage, un accident provoque l’évasion de tous les futurs patients de l’établissement. La gendarmerie locale est alertée…

« Le Règne animal » s’est vu attribuer 5 récompenses lors de la dernière cérémonie des César : photo (amplement méritée : l’image est somptueuse), la musique (véritable personnage du film), les costumes, les effets visuels et le son. Des trophées techniques qui ne doivent pas faire oublier l’excellence de la distribution et du scénario. Romain Duris joue tout en sobriété ce rôle de père prêt à tout par amour pour son fils et livre une prestation bouleversante dont le tout dernier plan restera dans les mémoires. Il est secondé par le jeune et très prometteur Paul Kircher et la toujours impeccable Adèle Exarchopoulos (également récompensée mais pour « Je verrai toujours vos visages »).

CRÉDIBLE DE BOUT EN BOUT

La grande prouesse du cinéaste, également auteur de ce scénario ô combien casse-gueule, est d’être parvenu à maintenir un haut degré de crédibilité dans une histoire qui aurait aisément pu déraper vers le ridicule, le grandiloquent ou la pure niaiserie. En ancrant cette histoire d’invasion de mutants issus du genre humain dans une réalité bien palpable (la vie du village du Sud-Ouest entre fête de la Saint-Jean et fréquentation assidue du resto local, seule source de distraction véritable est omniprésente), le spectateur, qu’il soit landais ou alsacien, sera invité à une immersion au coeur de ce drame à la fois familial et social et au fort message écologique. Sans jamais se départir d’un humour salvateur, le cinéaste opère un crescendo de tension anxiogène jusqu’à un final totalement inattendu.

Voilà un film qui risque d’ouvrir la brèche à un genre nouveau de cinéma français. Espérons que ceux ou celles qui s’y engouffreront auront quelque chose à montrer car Thomas Caillet a placé la barre très très haut…

Franck BORTELLE

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