DANSE : « A bientôt » par la compagnie « Mâle

DÉCOIFFANT !

Johana Malédon a posé le temps d’une représentation ses valises au Togo pour un spectacle fulgurant ce vendredi 10 novembre. Sans risque de galvauder ce mot, on peut vraiment parler de performance.

Cinq femmes. Des formes plutôt généreuses, loin des carcans de maigreur auxquels on a tendance à associer les danseuses en Europe. Durant plus d’une heure, elles vont occuper l’espace de la scène Jimmy Hope de l’Institut français avec une énergie bluffante.

Sous la direction de Johana Malédon, chorégraphe de la compagnie Mâle, les cinq artistes nous invitent à un voyage introspectif aussi envoûtant que fascinant et qui place le corps au cœur du dispositif scénographique. Qu’il s’agisse de rythmes endiablés d’où semble émaner une certaine douleur ou de moments quasi immobiles où la volupté s’invite sur la scène, « A bientôt » joue et gagne sur tous les tableaux car le corps, de la pointe des pieds à celle des cheveux, s’exprime, nous parle, nous questionne.

MUSIQUE ET CINÉMA

La pluralité des numéros de danse s’accompagne bien sûr ce celle des musiques choisies. Le spectre est large, du jazz manouche de l’inusable Django Reinhardt aux mélodies plus romantiques du multirécompensé Ibrahim Maalouf (auteur notamment de la musique des films « Yves Saint-Laurent » et « Dans les forêts de Sibérie ») en passant par les sons quasi cosmiques de Cliff Martinez à qui l’on doit la géniale BO du film « Drive ».

Ces alchimies confèrent à ce spectacle pour le moins décoiffant et incandescent qui navigue entre rage et sensualité une cinégénie indéniable. Difficile de ne pas songer parfois en effet au film de Sydney Pollack « On achève bien les chevaux » mais aussi à l’univers de Romero ou Friedkin. Un très très bel alliage, assurément.

Franck BORTELLE