UN DÉBUT D’ÉCLAIRCIE

Ce documentaire profondément féministe mais sans le moindre radicalisme nous emmène aussi loin dans l’espace géographique que dans le propos qu’il défend. D’une beauté esthétique étourdissante, il invite par ailleurs les hommes à mettre un peu d’eau dans leur vin de palme. Une lutte difficile qui n’en est qu’à ses balbutiements mais chargée de promesse. 

A la frontière du Sénégal, le long du fleuve éponyme, et de la Mauritanie, une petite dizaine de villages peuls vit sans électricité. Grâce à une ONG luttant pour les droits des femmes, la situation pourrait s’arranger. Pour ce faire, chaque village doit choisir celle qui ira se former à Dakar pour devenir une experte en énergie solaire et faire fonctionner le matériel qui apportera la lumière tant attendue. Les palabres vont aller bon train chez les hommes qui trouvent mille et une raisons pour éviter ça, la tradition patriarcale demeurant la plus indiscutable. Grâce à une villageoise quinquagénaire, le voyage et la formation vont pourtant avoir lieu…

Ce documentaire puissant est un véritable hommage à la femme africaine dans tout ce qu’elle incarne et endure. Les deux réalisateurs ne se privent d’ailleurs pas, aidés par un chef opérateur au top, à user sans en abuser de la technique du plan en contreplongée mettant plus encore les sujets en valeurs. Les plans filmés à partir de drones prennent également tout leur sens pour exprimer l’immense solitude dans laquelle sont plongés ces villages, au milieu de nulle part et éloignés de tout. 

AU-DELÀ D’UN SIMPLE ARGUMENT

On retiendra également l’habileté du scénario qui ne se contente pas de faire état de l’argument de départ (la formation et le conflit qui s’ensuit avec les hommes) et de le développer. Ce noyau narratif va être, de manière épiphénoménale, l’occasion de plonger au cœur d’un sujet plus vaste, celui de la femme dans la société africaine. Cette société qui évolue à double vitesse selon que les choses se passent en ville ou au fin fond du désert. Le choc culturel et social que va constituer la venue à Dakar de ces huit femmes fait germer les inévitables idées d’émancipation beaucoup plus sûrement que la consultation des réseaux sociaux. Et c’est ainsi qu’un embryon d’espoir pointe aussi sûrement que le soleil au-dessus des dunes de sable, laissant une autre lumière envahir les âmes : celle du savoir…

Franck BORTELLE

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