UNE HISTOIRE DE DANSE ET DE FAMILLE

Dans un seul en scène puissant, le jeune Koffi Kégou Afiadegnigban explore les affres de la polygamie. L’investissement de l’artiste dans ce projet est total. Le résultat se lit et se voit sur la scène. Du très beau travail.
Parler de polygamie revient souvent à évoquer les rapports entre l’homme, ses femmes et bien sûr les épouses entre elles, leur place dans la hiérarchie patriarcale du clan. Mais qu’en est-il du sort des enfants nés de ces multiples relations ?
Là se situe le thème du spectacle « La quatrième » que propose Koffi Kégou Afiadegnigban. Le décor est constitué de quatre briques superposées comme autant d’épouses du père de l’artiste qui en aura même une cinquième. Mais la quatrième, titre du spectacle, est la mère de l’artiste. Ce décor très sobre va servir à exprimer et expurger la colère de ce fils tiraillé entre des frères qui n’en sont pas vraiment et des belles-mères qui forcément déstabilisent l’agencement normal d’une famille. La difficulté de se construire, de trouver sa place sont donc au cœur de ce très beau moment de danse.

UNE PROPOSITION EMMINEMMENT CATHARTIQUE
Les gestes sont vifs, parfois bruts et violents, exprimant cette rage réprimée et contenue trop longtemps. La précision du mouvement alliée à l’indéniable charisme du danseur font de ce spectacle une très belle réussite.
Se livrant à l’issue de la représentation au jeu des questions réponses, l’artiste a reconnu le caractère autobiographique de sa proposition. Mais il a pudiquement évité de trop lever le voile sur ce trauma. On lui souhaite en tout cas de poursuivre cette catharsis avec ce talent et cette présence scénique assez phénoménale et de chasser ainsi tous ces démons.
Franck BORTELLE
Chorégraphie et interprétation : Koffi-Kegou Afiadegniban
Regard extérieur : Salia Sanou,Fabien Priovil
Création lumière : Petit Duevi-Tsibiaku Création
Son : Comlanvi Adjamla Ivalmok Production : CDC la Termitière Co-Production : Goethe Institut Ouagadougou – Burkina Faso Partenaire : Sol’œil d’Afrik

