JEU, DANSE ET DEVOIR DE MÉMOIRE

Florence Gnarigo et Florisse Adjanohoun (en alternance avec Adjaratou Yerima) font résonner le sublime texte de Laurent Gaudé dans un duo scénique d’une intensité bouleversante. Un alliage de danse et de jeu de très haute facture sur le devoir de mémoire. Indispensable !

C’est un des meilleurs auteurs récompensés par le Prix Goncourt qui est à l’origine de ce spectacle magnifique. Laurent Gaudé, auteur du « Soleil des Scorta » qui lui valut le Prix, promène souvent son imagination bien au-delà des frontières de l’Hexagone, de Haïti au Liban en passant par l’Afrique tout en convoquant également l’histoire. « Le chant des sept tours » est une puissante évocation de l’esclavage et de la traite négrière. Il fait parler dans ce texte poétique une femme qui dresse un état des lieux de la mise en esclavage du peuple noir. Un texte à hauteur d’homme qui marche derrière les interminables files des vaincus tout en s’en faisant le porte-parole et le porte-flambeau contre l’oubli. Les mots claquent comme coups de cravache et ne laissent aucune chance au lecteur d’échapper à sa culpabilité.

UN SPECTACLE À MONTRER DANS LES ÉCOLES

Florisse Adjanohou (en alternance avec Adjaratou Yerima) s’empare de ce texte et le fait vivre avec la sincérité des plus grands. Pour illustrer le propos, c’est Florence Gnarigo, magnifique danseuse au magnétisme étourdissant qu’on pourrait regarder évoluer sur une scène pendant des heures, qui livre ce contrepoint chorégraphique de toute beauté. Les sévices, l’oubli de soi et de ses origines, les humiliations, la perte des repères : autant de micro-tragédies évoquées par la puissance gestuelle de l’artiste qui vont dessiner sous nos yeux l’ampleur d’un crime contre l’humanité. Avec en corollaire l’indispensable réhabilitation de la mémoire. Un spectacle immanquable puissamment pédagogique qui devrait être montré dans tous les établissements scolaires.

Franck BORTELLE

« La danse des sept tours » d’après un texte de Laurent Gaudé

Chorégraphie : Florence Gnarigo

Interprétation : Florance Gnarigo et Florisse Adjanohou (en alternance avec Adjaratou Yerima)

Eclairagiste : Daniel Petit Duevi Tsibiaku

Composition musicale : Herman Aholode

Spectacle vu à l’Institut française du Togo.

Prochaines représentations : 03 décembre à 16 h au marché Cacaveli, 06 décembre à 18 h à l’Espace Gododo, 07 décembre à 18 h à l’espace Fiôdhomé, 08 décembre à 16 h au musée Paul Ahyi, 09 décembre à la Maison des Esclaves d’Agbodrafo, 14 décembre à 17h45 à la Maison des jeunes de Lomé.

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