ABIDJAN DÉBARQUE AU TOGO
C’est la Côte d’Ivoire qui sera à l’honneur de la 10ème édition du festival Emergence cette année à Lomé. L’annonce a de quoi faire sourire. Elle inciterait presque à pleurer si on ajoute que c’est Olivier Koné qui a été choisi pour apporter la « bonne » parole aux professionnels du cinéma togolais. Comme si on demandait à un chien d’apprendre à une poule comment pondre… Mais le festival, fort heureusement, sera aussi l’occasion de découvrir de vrais talents à travers des projections de courts métrages. Le programme de ce côté-là est alléchant…

C’est évidemment en grandes pompes que seront accueillis les Ivoiriens lors de la cérémonie d’ouverture du 10ème festival « Emergences » de Lomé ce samedi 4 novembre. Sans huiles ministérielles, parties batifoler ailleurs mais qui auront pris la peine d’octroyer à leurs ouailles nationales les subventions nécessaires à leur déplacement… De toute évidence, 10 billets d’avion pour Lomé ne sont rien à côté d’un seul pour Cannes…(1). Tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles et à n’en pas douter l’accueil sera à la hauteur de l’événement.
UN NAVET EN OUVERTURE
Faire venir la RCI au Togo pour parler de cinéma prête à sourire mais après tout, pourquoi pas ? La Côte d’Ivoire compte dans ses rangs quelques valeurs sûres dans le domaine du cinéma, qu’il s’agisse de Philippe Lacôte (« La Nuit des rois ») ou plus encore Hyacinthe Hounsou (« Jusqu’au bout », « Djagassa »). Le hic vient que l’on est allé racler les fonds de tiroirs afin d’y dégoter le pire navet qui soit pour ouvrir les festivités. C’est donc le déjà très contesté « Monsieur le Maire », que d’aucuns ont déjà rebaptisé « Monsieur la Merde », et que les Togolais ont plus que boudé lors de son exploitation en salles, et son « auteur », Olivier Koné, qui ouvriront le bal.
« Monsieur le Maire » donc, modèle du genre en matière de misogynie et de médiocrité généralisée dont seule l’idée de départ était bonne. Hélas, les deux postes principaux de la fabrication (mise en scène et scénario) ayant été confiés à des incompétents, on est plus proche, au final, de la serpillère que du carré Hermès. Et ce malgré quelques comédiens plutôt bons et un travail correct sur l’image.
DES COURTS À LA PELLE
Monsieur Koné sera bien sûr amené à diriger des master class lors de son séjour loméen. Gageons que son auditoire aura la bonne idée de faire l’inverse de ce qui lui sera inculqué pour espérer voir fleurir de vrais artisans du septième art au Togo, à la fois honnêtes et talentueux.
Fort heureusement, c’est le rendez-vous avec les courts-métrages qui sera le plus attendu durant ces journées dédiées au cinéma et il y a fort à parier que là, les vrais talents se manifesteront…
Franck BORTELLE
EMERGENCE FILMS FESTIVAL 10ÈME ÉDITION DU 04 AU 08 NOVEMBRE 2023 A LOMÉ (renseignements et programme sur les réseaux sociaux)
(1) sans citer son nom, un cinéaste ivoirien s’est vu refuser une subvention pour aller défendre son pays et son projet dans un des plus grands festivals du monde il y a quelques mois, le ministère de la culture ivoirien lui ayant manifesté un silence assourdissant puis un mépris pas franchement godardien…