TERRORISME ET AMITIÉ

Cette soirée, qui s’est tenue sur un terrain sis entre les deux portions de route qui vont ou arrivent du carrefour de la Colombe de la Paix, aura attiré aussi bien les représentants de la diplomatie française en la personne de l’ambassadeur de France que les jeunes du quartier. Une soirée éminemment populaire et réussie qui se poursuit ce dimanche…

Les jeunes du quartier Amoutivé sont venus en masse ce samedi soir pour assister à quelque chose de probablement inédit pour eux : du cinéma en plein air avec projection de deux films. Le programme a débuté avec le terrible court-métrage de la Nigérienne Amina Abdoulaye Mamani, « L’Envoyée de Dieu », qui avait déjà fait les beaux jours de nombreux festivals, dans la capitale togolaise et à l’international (quatre prix au Fespaco). L’histoire d’une petite fille sacrifiée sur l’autel du radicalisme religieux dont on ceint le corps d’explosifs pour aller la faire exploser dans un marché bondé « d’ennemis d’Allah ». La réalisatrice décrit de manière quasi clinique les préparatifs qui vont mener Fatima sur ce marché puis une fois sur place, elle opte pour un filmage en temps réel, faisant ainsi croitre la tension. Le compte à rebours résonne ainsi dans la tête du spectateur comme une épouvantable litanie macabre. Un film d’une force rare, magnifiquement interprété (le casting est parfait) qui ne se mêle pas de juger, préférant faire parler les images. Du très très beau cinéma.

UN PREMIER LONG PROMETTEUR

Ce fut ensuite au tour d’Israël Tounou, l’organisateur de la Fête de présenter son premier long-métrage, « A l’épreuve du Goumin ». Une comédie plus ou moins romantique où deux hommes tombent quasiment en même temps amoureux de la même fille, la belle Mira. Sauf que les deux prétendants sont amis d’enfance… Comment vont-ils gérer cette situation ? Un film réalisé très vite et sans une manne financière suffisante, ainsi que l’a reconnu le cinéaste et scénariste. Inutile de dire que ça se voit et se sent. C’est forcément dommage car le scénario, plus que le dialogue, est pertinent, tout comme la quasi-totalité du casting (une seule grosse bévue à ce niveau…) et que la mise en scène respecte le rythme inhérent au genre. Le spectateur ne s’ennuie pas et même, au cours de l’entretien qui a suivi, la question a été posée de savoir si une suite était envisagée. Plutôt bon signe donc. On espère donc que là, les moyens seront davantage au rendez-vous pour des décors moins chiches et un peu plus de dynamisme et de punchlines dans les dialogues car si on compare cette histoire de duo à trois avec les films des deux grands spécialistes du genre en France, Bertrand Blier et Anne Fontaine, force est de reconnaître que « A l’épreuve du goumin » en est le parent pauvre. Reste un agréable moment passé avec ce tout premier film togolais ayant connu une exploitation hors des frontières de son pays et dans lequel l’amitié, le plus noble des sentiments, finit par triompher…

Le cinéaste a ensuite joué le jeu des questions réponses avec le public, parmi lequel se trouvait Augustin Favereau, ambassadeur de France, qui a félicité l’équipe du film et adressé ses plus vifs encouragements à Israël Tounou. Est arrivé ensuite Ismael Oureya-molla qui joue Denis dans le film. Tout sourire, il a évoqué ce qu’est un rôle de composition, certains spectateurs étant persuadés qu’il se comporte dans la vie comme dans le film. Une présence qui a suscité beaucoup d’émoi parmi les spectateurs, forcément…

Franck BORTELLE

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *