
RIGOLADES À GOGO
La fin de la première semaine de la 5ème édition de la Fête du Cinéma francophone a été marquée par la visite d’un comédien que les Africains connaissent tous : Isaka Sawadogo. Après la projection de la comédie du Burkinabé Boubakar Diallo « Les trois Lascars », dans lequel il tient l’un des trois rôles principaux, il s’est prêté au jeu des questions-réponses avec le public venu garnir tous les fauteuils de l’auditorium de l’Institut français.
Assis incognito au milieu de la salle de l’auditorium de l’IFT, il a rapidement pris la parole que lui a donnée Israël Tonou, le Monsieur Cinéma du pays, pour une courte allocution avant que soit projetée la célèbre comédie « Les Trois Lascars » qui,depuis quatre ans, attire toujours autant de monde dès qu’elle est annoncée sur les écrans. Elle a fait les beaux jours du FESPACO et des salles de toute l’Afrique de l’Ouest. Il y est question de trois maris qui partent chacun avec sa meuf dans un lieu paradisiaque du Burkina en faisant croire à la légitime qu’ils sont en séminaire à Abidjan. L’avion dans lequel ils étaient censés prendre place se crash et voilà nos vivants considérés comme morts par leurs désormais veuves mais aussi tous leurs proches. Un détail va pourtant faire naître un soupçon, prouvant que le coup n’était pas totalement parfait.
UN CASTING DE CHOIX
Le film est doté d’un casting de choix. On y retourne notamment la divine Mamouna Ndiaye (« L’oeil du cyclone ») ainsi que la valeur sûre du cinéma ivoirien Mahoula Kane (« Innocent malgré tout », série « Cacao »). Certes, malgré un scénario très écrit, la mise en scène traine un peu et quelques longueurs s’invitent au propos, mais l’ensemble demeure de bonne facture et les situations s’enchaînent avec une fluidité totale, notamment grâce à l’implication palpable des comédiens. C’est celui qui incarne le sénior de l’équipe, celui dont l’épouse languit qu’il lui fasse un gamin, qui était le premier invité ce vendredi 14 mars de cette 5ème édition de la Fête du cinéma francophone. Les spectateurs ont pris un plaisir réel à discuter avec Isaka Sawadogo.
Le comédien a clairement défini son expérience de tournage comme un immense moment de rigolade. Le cinéaste ne les a pas franchement castés, s’étant « contenté » de former une équipe d’artistes aguerris. Nul doute que cela se sent dans le film et l’homogénéité de la distribution constitue un des gros atouts de cette comédie. L’improvisation a parfois permis de sortir du sentier balisé du scénario et d’apporter également une spontanéité à l’ensemble.

UNE BELLE LEÇON DE PUGNACITÉ
Venu également former de jeunes comédiens à l’actorat, le vétéran a donné une leçon de pugnacité au public, évoquant les cinq années qui furent nécessaires pour que le projet voie le jour. Il a également évoqué son enfance au milieu des sept femmes de son géniteur polygame, arguant que le respect de ces sept « mamans » avait toujours présidé et que c’est sur ce socle d’éducation qu’il a construit sa vie d’homme et de comédien. Un discours qui a reçu des applaudissements nourris et mérités. Il a terminé son allocution en mentionnant que l’on peut faire naître les mêmes émotions et de la même manière dans n’importe quelle langue. Gageons qu’aucun linguiste ne s’était glissé dans l’assistance car il en aurait avalé son précis de linguistique générale de Saussure de stupéfaction. Mais qu’importe, cette répartie émanant d’un artiste, on peut la comprendre, à défaut de la cautionner, d’autant qu’elle est linguistiquement plus que discutable….
La Fête du Cinéma francophone se poursuit jusqu’au 22 mars avec de très beaux rendez-vous, en courts et longs-métrages.
Franck BORTELLE
