UNE DÉBÂCLE CINÉMATOGRAPHIQUE

L’auteur du premier « Alien », « La Chute du faucon noir » ou encore « Thema et Louise » et « Seul sur Mars » plonge sa caméra dans l’histoire de France pour faire revivre les batailles que mena Napoléon. C’est globalement raté…

Les têtes tombent en 1789 en France. La Révolution française vient d’avoir lieu et un jeune lieutenant regarde tout ça d’un oeil déjà carnassier en élaborant des plans qui feront de lui le maître du monde. Le lieutenant Bonaparte se voit déjà empereur Napoléon…

Contrairement à ce qui a pu se dire, la presse française n’a pas la dent dure ni la moindre amertume à l’égard des cinéastes étrangers qui se targuent de restituer à l’écran des biopics sur les grandes figures de l’Hexagone. Elle a simplement de bonnes raisons de crier à l’imposture, sans le moindre chauvinisme, lorsqu’un film de ce genre n’est ni plus ni moins que raté. C’est le cas de ce nouvel opus du cinéaste pourtant adulé des journalistes hexagonaux pour ses « Blade Runner » et autres « American Gangster ». 

UNE SUCCESSION DE LOUPÉS

« Napoléon » ne peut pas plaire aux Français. Non point parce qu’il y est présenté de manière trop américaine mais plus simplement en raison des loupés nombreux et strictement cinématographiques qui le plombent désespérément. 

Si l’âge du comédien principal (48 ans pour jouer un Bonaparte de 21 printemps au début du film) prête plus à sourire qu’autre chose tant le choix est grotesque, la structure du film fait carrément grincer des dents. Avec un montage à la machette dont les coups sont plus que visibles, cette énième version des frasques du plus célèbre Corse de l’histoire de l’humanité perd tout son rythme, son énergie et lasse très vite avec ses 150 longues, longues minutes. 

UNE BATAILLE RÉUSSIE

Le rythme quasi binaire faisant alterner scènes intimistes, parfois d’une crudité bien inutile, et les fameuses batailles, finit en effet par lasser car au fond sont évincées tellement d’éléments fondamentaux de la vie de cet homme dont, qu’on l’aime ou non, on ne peut nier l’héritage crucial qu’il a légué notamment sur le plan social (code, lois, Légion d’honneur etc.). Pire encore, les batailles, en dehors de celle d’Austerlitz, particulièrement bien filmée avec notamment les plans en immersion lorsque eau et sang se mélangent dans une vision cauchemardesque et asphyxiante de la situation, n’apportent rien de nouveau. Et que dire de l’absence totale de l’épisode le plus célèbre du parcours de Napoléon, le triste carnage du passage de la Bérézina après le départ de Moscou (filmé ici de manière grotesque digne des décors en carton pâte des années 40…) ?

On pourra trouver autant à redire de la tenue de Marie-Antoinette qui semble sortir du pressing alors qu’elle vient de passer des mois au cachots, des anachronismes amenés par la musique (Edith Piaf en 1789 ?) et tant d’autres incongruités, à commencer par la langue utilisée. Mais en se focalisant simplement sur l’ennui qui finit par saisir le spectateur, il n’en faut pas davantage pour ranger cet opus d’un cinéaste qu’on aime pourtant bien dans la catégorie des ratages et considérer son Napoléon davantage comme une Bérézina que comme un Austerlitz cinématographique.

Franck BORTELLE

« Napoléon » de Ridley Scott actuellement dans les salles de Canal Olympia

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