CHERCHEZ L’HORREUR !

Un scénario débile, une image dégueulasse, un son pourri et une mise en scène inexistante. Et au milieu de ce fatras qui se veut horrifique, des comédiens en totale roue libre et dont les gesticulations finissent par faire rire à force de ridicule. 

Un couple se rend au mariage du frère de monsieur du côté d’Assinie. Ils se perdent et tombent sur une barraque que madame veut absolument visiter pour en faire l’acquisition. Evidemment, bon prince, monsieur accepte, faisant fi des épousailles du frangin où ils arriveront finalement en retard au moment du baiser accordé par le tonsuré qui les aura bénis. Une fois achetée, la maison devient le lieu de phénomènes étranges. Bien qu’accomplissant son devoir conjugal avec frénésie, le couple subit quelques fâcheux aléas : lui se tape une go et elle se fait ramoner par un esprit qui hante la bicoque. Bien sûr, elle tombe enceinte mais à l’échographie, et malgré un bide de parturiente en fin de parcours, aucun fœtus n’est visible. Vont alors intervenir féticheurs, marabouts et autres énergumènes de cet acabit pour remettre les pendules à l’heure. 

UN SCENARIO INEPTE

Nous faire le coup de la barraque hantée par des esprits prouve que celui qui a torché ce scénario inepte ne s’est pas brûlé les rétines à parfaire sa culture cinématographique dans le domaine. Rien dans la narration ne permet par ailleurs de se réjouir d’une quelconque originalité, le récit n’empruntant que des sentiers balisés comme des autoroutes et ridiculisant plus qu’autre chose l’Afrique et son ancrage dans les traditions. On est bien sûr à des années-lumière de « La dernière maison sur la gauche » de Wes Craven ou « Amytiville » de Robert Wise pour ne citer que ces deux-là. 

Y’A-T-IL UN CINEASTE DERRIERE LA CAMERA ?

Mais si le bât ne blessait qu’à ce niveau, l’ensemble pourrait toutefois rester regardable. Le problème est que rien ne va, à l’exception de la musique, plutôt inspirée. Le chef opérateur a fait un travail de sagouin, le son est dégueulasse, le montage relève plus de l’utilisation de la machette à tailler la canne à sucre que de la table normalement prévue à cet effet, les comédiens font ce qu’ils peuvent (et peu font autre chose que peu, voire très peu) et bien sûr, la mise en scène s’avère tellement nulle qu’on espère que celui qui l’a commise a pris un pseudo. Entre les plans aériens (ou plutôt LE plan aérien répété 15 fois), marque de fabrique du cinéma ouest-africain comme si utiliser un drone constituait encore le nec plus ultra dans l’élaboration d’un film alors qu’il n’en est que la puérile gadgétisation et la totale absence de codes définissant le genre auquel ce long se prétend être assimilé, ce salmigondis ne va que rejoindre les films que la Côte d’Ivoire a proposés ces dernières années, de l’immonde « Monsieur le Maire » au débilitant « Gazoua doit mourir ». 

L’absence de moyens, qui pourrait être une explication à cette nullité, ne peut ici seule endosser toute la responsabilité. Certes, un mariage aussi escamoté (qui plus est un mariage ivoirien… ceux qui ont pu voir ça une fois dans leur vie savent de quoi il retourne…) rend la pilule amère mais c’est surtout dans le manque de savoir-faire que tout se situe et qu’on finit par se dire qu’un court-métrage aurait largement suffi. Faire peur, c’est comme faire rire, au cinéma : il n’y a rien de plus difficile et ça s’apprend. Là, de toute évidence, quelques cours ont été séchés, voire la formation entière…

Franck BORTELLE

INDLU YESONO : LA MAISON DU PÉCHÉ. De Djoblé Edgar Ahouné 

Genre: Epouvante-horreur, Drame, Thriller. 

Avec Christelle Gougoué, O’news, Fortuné Akapo. 

Durée: 1h33

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