ÉLOGE DE LA DIVERSITÉ

Le désormais mythique chapiteau du Magic Miror, à l’Institut français de Lomé, a abrité ce vendredi 22 février la présentation du travail de plusieurs écoles et stylistes qui ont montré à travers leurs créations toute l’étendue des talents de leur pays. La diversité à tous les niveaux était au rendez-vous, le tout dans une ambiance électrique. Un moment lumineux.

Il ne s’agissait pas à proprement parler d’un défilé de mode au sens où on l’entend habituellement avec les incontournables podiums sur lesquels viennent et vont des hommes et femmes aux plastiques irréprochables et affichant un regard absent. Le décorum avait déjà de quoi revendiquer une démarcation par rapport à la coutumière tendance qu’affichent toutes les fashion weeks de la planète. La scène circulaire du chapiteau du Magic Miror, magnifique construction tout en bois et en miroirs dont s’est doté récemment l’Institut français du Togo (le seul du continent africain), avait été aménagée en conséquence. Un décorum assez simple constitué d’une Vespa bleue et de quelques accessoires africains occupait le centre de cette scène, permettant des déambulations selon une scénographie bien travaillée.

Jeunesse et écologie

La soirée était placée sous le signe de la jeunesse et de l’écologie. Deux entités qui vont fort bien ensemble, l’avenir de la planète étant bien plus entre les mains des moins de trente ans que celles de leurs ainés. Ainsi des écoles et de jeunes créateurs se sont succédés sur la scène, montrant l’étendue d’un talent plus que prometteur et n’hésitant pas à proposer l’utilisation de matériaux pour le moins inattendus pour faire passer le message environnemental. La diversité, tant au niveau de la coupe que des étoffes ou encore des choix de couleurs, semblait le maître mot de toutes ces créations. Bien sûr, n’oubliant pas que nous sommes en Afrique, les créateurs avaient pour ainsi dire tous ajouté une touche, qui par des accessoires, qui en confectionnant carrément des tuniques en pagne, ce symbole de l’art vestimentaire qui sublime si magnifiquement tout individu qui le porte, de la Côte d’Ivoire (les fameux pagnes baoulais) au Togo.

Opéra, hip hop et Boléro de Ravel

Cette diversité et cette volonté de faire autre chose qu’un défilé tel qu’on peut en voir dans les hôtels de luxe parisiens ou londoniens s’affichaient également dans l’organisation même de l’évènement. En effet, la scène fut à trois reprises occupée par des chanteurs togolais, sans compter l’envoutante performance de l’excellent Hendrik qui a entonné en langue locale un air bien connu des Occidentaux, le cultissime Boléro de Ravel. Les musiques qui accompagnaient les prestations se distinguaient également par cette diversité salvatrice, convoquant aussi bien de l’opéra que du hip-hop, conférant à l’ensemble de la soirée cette sensation de vertige.

Quelques sourires et l’ambassadeur de France…

En fait de défilé, c’est à un véritable spectacle auquel ont assisté les curieux venus remplir le Magic Miror. Un spectacle avec sa mise en scène, ses saynètes où se dessinaient des personnages venus défendre un art et une cause. Avec parfois, chose rare dans le milieu, de jolis sourires qui illuminaient quelques visages.

Qu’il s’agisse des créations très africanisantes avec les tenues chargées de cauris de l’école ESAMODS, de la relative monochromie des réalisations de « One Color » (avec ces sublimes robes d’un violet soutenu), du noir et blanc class de chez Hanaya ou du plus classique (rimant avec chic) de Fine Style sans oublier les pagnes éclatants de Class Feeling, tous ces artistes ont montré à quel point le Togo n’a de leçon à recevoir de personne dans la créativité, l’imagination le savoir-faire vestimentaire.

Jacques Logoh, le promoteur de l’évènement, qui a présenté lui-même quelques créations, avait réservé aux spectateurs une surprise de taille. En effet, il a réussi à convaincre l’ambassadeur de France, Augustin Favereau et son épouse Marie, d’enfiler une de ses créations et de se présenter sur la scène au milieu de ses mannequins. Preuve s’il en est que rien n’était comme on pouvait l’attendre au cours de cette soirée. Mais n’est-ce pas là la première qualité d’un créateur, surprendre, toujours surprendre ?

Franck BORTELLE

La liste des écoles de créateurs togolais qui ont participé au premier défilé Magic Mode :

  • ESA Mode (Ecole supérieur des Arts)
  • By Godfried
  • Hanaya
  • Collection One Color
  • Collection enthousiasme de G-style
  • Collection opulence de Ardux Fashion Lab
  • Collection késsinonou de Mes Œuvres
  • Collection les pépites de Fine style
  • Collection afrochic de Afanu
  • Collection distinction de El Touch
  • Collection luxe Africa de Class feelings
  • Collection vue unique de Jacques Logoh Couture

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