DE OUAGA A LOMÉ EN PASSANT PAR PARIS

C’est une salle debout qui a ovationné Roukiata Ouedraogo à l’issue de la représentation de son spectacle qui a démarré par Lomé sa tournée en Afrique. Un accueil amplement mérité pour cette belle performance seule en scène où rires et émotions se sont succédés pendant plus d’une heure. 

Les auditeurs de France Inter la connaissent bien. Sa voix portée par cet accent qu’elle semble refuser de gommer ensoleille la célèbre radio avec ses chroniques aussi drôles que pertinentes. Jamais avare d’une pique bien plantée dans la bêtise du système, elle amuse tout en faisant réfléchir. A l’image de ce qu’elle propose sur scène depuis maintenant presque deux décennies.

Originaire du Burkina comme son nom le laisse supposer, elle va nous raconter une histoire. Son histoire. Celle d’une jeune femme qui décide d’embrasser une carrière prise pour le moins comme une hérésie par ses géniteurs. Celle d’une jeune femme qui débarque à Paris et découvre tout ce que la capitale du pays des Lumières peut réserver de surprises plus ou moins agréables.

UNE TRÉS BELLE ÉCRITURE

Le décalage entre les lieux, les cultures, les caprices de la météo, les mots et expressions sont autant de sujets qui vont persiller ce spectacle d’un humour aussi bon enfant que divinement bien écrit. On sent l’auteur derrière la comédienne et pour ceux qui ont lu ses ouvrages (cf rubrique « Littérature »), il ne fait aucun doute que les deux univers ne font qu’un.

Avec un sens aigu du timing, les bons mots qu’on appelle désormais des vannes vont déferler durant plus d’une heure et dresser un constat pourtant pas toujours si drôle que ça. Si aucune amertume ne transparait dans les mots de Roukiata car elle est aussi résolument positive et dotée d’un vrai sens de la francophonie, certains sujets plus « fâcheux » vont pourtant s’inviter sur la scène. Ainsi l’excision… Sujet encore tabou dont la comédienne va évoquer l’abominable réalité sans se départir d’une originalité qui pourra faire sourire.

Acclamée debout pendant de longues minutes à l’issue de la représentation, l’humoriste s’est prêtée volontiers à un échange avec le public venu l’acclamer. Pour sa première africaine avec ce spectacle, l’émotion était au rendez-vous. On ne doute pas que la suite de la tournée se sera passée avec autant de bonheur.

Franck BORTELLE

Je demande la route, de et avec Roukiata Ouedraogo. A l’Institut français du Togo le 19 octobre.

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