UN FILM APPELÉ À RÉGNER…

Un premier film incontestablement réussi, qui plus est dans un registre où le cinéma français ne s’est jamais beaucoup illustré. Peut-être en restant un peu plus français, justement, le résultat aurait gagné en efficacité au lieu de faire dans une surenchère lorgnant trop vers l’Outre-Atlantique. Mais le plaisir n’est pas à bouder, d’autant que l’écriture et l’interprétation convainquent sans problème.

L’horreur dans le cinéma français n’a pas souvent fait florès, moins encore depuis que le genre a acquis quelques lettres de noblesse et n’est plus considéré comme un tombereau de nanars. Il faudrait sinon quasiment remonter à Franju et son horrifique « Les Yeux sans visages » (1960), Clouzot et ses « Diaboliques » (1955) ou plus lointain encore à Maurice Tourneur et sa « Main du diable » (1943) pour trouver des films hexagonaux marquants et dont l’évocation ne provoque pas un sourire complaisant…

QUAND CRONENBERG S’INVITE CHEZ KASSOVITZ

Avec son histoire d’araignée échappée d’un sous-sol d’immeuble de banlieue où elle était provisoirement enfermée dans une boite de godasses et qui va semer la terreur à tous les étages, le jeune cinéaste Sébastien Vanicek réussit le tour de force de la crédibilité à tous les instants. Doté d’un scénario très écrit et plantant le décor dans une banlieue, comme pour faire fusionner les univers de Kassovitz (« La Haine ») et Cronenberg (« La mouche », « Spider »), le film se plaît à jouer à la fois sur cette arachnophobie d’autant plus justifiée que l’immonde bébête est mortellement dangereuse et la claustrophobie induite par la nécessité de ne jamais la laisser quitter le périmètre du bâtiment.

Mais là où le propos prend de l’épaisseur, c’est bien lorsque s’installent les rapports entre les personnages ainsi que leurs comportements. Très présents dans l’histoire, ils la cimentent et évitent de faire sombrer l’ensemble dans le film d’horreur de plus. La banlieue, par ailleurs présentée de manière plus positive que d’ordinaire (le personnage principal doté de vraies valeurs humaines à commencer par son respect pour la gent animale), ressort grandie de cette proposition.

DES COMÉDIENS EXCELLENTS

Avec une mise en scène hyper vitaminée, des plans au ras du sol et un montage qui ne laisse pas le temps de reprendre son souffle, « Vermines », également pourvu d’une bande-son à la limite de la saturation pour mieux plonger le spectateur dans le cauchemar, offre tous les atouts du genre sur lequel il y a fort à parier qu’il régnera encore un moment. On espère simplement que si s’y engouffrent d’autres cinéastes, ils lorgneront moins du côté d’un cinéma US auquel « Vermines » fait un peu trop souvent penser. En effet, sans cette surenchère dans les effets spéciaux et la prolifération des bestioles, le film aurait probablement gagné en tension horrifique et donné aux comédiens (d’autant qu’ils sont tous excellents) plus de matière encore à s’exprimer.

Franck BORTELLE

« Vermines » actuellement dans les salles Canal Olympia.

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