CE QUI NOUS LIE…

Un spectacle époustouflant et pluridisciplinaire qui échafaude un discours à la fois drôle et tragique sur le lien entre les hommes, leurs cultures, leurs langues, leur coutumes, le tout à grand renfort d’acrobaties sur une structure métallique dont chaque élément est multi-exploité…

Le public était venu en masse en cet après-midi du 9 mars pour découvrir ce spectacle au titre quelque peu énigmatique. Crier contre le vent, c’est, à l’instar de l’expression « un coup d’épée dans l’eau », risquer de s’épuiser bien vainement. Or qu’y at-t-il de plus frustrant que de hurler sans se faire entendre ? Mais l’Homme, dans sa surdité qui peut s’avérer bien sélective, a pourtant bien besoin qu’on lui fasse entendre raison parfois… C’est précisément ce que ce spectacle magnifique se propose comme dessein…

Une structure métallique, comme l’échafaudage d’une future tour (de Babel ?) sert de décor. Escaliers, passerelles, paliers : tout a été pensé pour que ce personnage à part entière puisse aussi s’exprimer à travers l’utilisation multiple que vont en faire les cinq artistes de cette troupe franco-marocaine. Mêlant arts du cirque et théâtre, ils vont livrer un discours puissant sur cette difficulté d’être lorsqu’on est ailleurs, loin de chez soi. Lorsque les mots ne sont pas compris comme ils le devraient, lorsque les traditions diffèrent et peuvent être mal interprétées, lorsque le lien se montre alors d’une fragilité au bord de la cassure.

UN SPECTACLE INTERGÉNÉRATIONNEL

C’est précisément ce lien qui sert de fil conducteur. Présent dans le texte, bien sûr, à travers cette nécessité de le maintenir, cette urgence aussi de se faire entendre, mais également et surtout dans les acrobaties lorsque les personnages, parfois tenus au-dessus du vide par seulement une main ou un tissu, sans filet ni protection, la tête et les fringues à l’envers, tous sens en émoi, n’ont plus d’autre choix que de pérenniser ce lien basé sur la confiance envers l’Autre, envers celui qui évitera la chute.

Ce vent d’humanisme et de solidarité pour rassembler cette planète en deux « hémisfrères » jette par ailleurs, et ce n’est pas la moindre de ses qualités, une passerelle entre les générations. L’aspect ludique, clownesque des facéties et acrobaties que rehausse l’éclectisme des musiques aura en effet autant enchanté les plus petits que le texte, admirablement interprété, aura permis à leurs aînés de réfléchir une fois encore sur ce vivre ensemble auquel il serait si simple de parvenir si chacun faisait sienne cette phrase que chantait Brassens il y a plus d’un demi-siècle : au lieu de mettre en joue quelque vague ennemi, mieux vaut attendre un peu qu’on le change en ami… ».

Franck BORTELLE

Mise en scène Sophia Perez Chorégraphie Karine Noël Collaboration scénographique et d’écriture Amin Boudrika

Auteurs interprètes Said Mouhssine, Younes Es-Safy, Colline Caen, Tom Neal, Cécile Yvinec

Régisseur général et créateur lumière Vincent Van Tilbeurgh

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *