
TOGOLAISEMENT MODE
Radicalement différente de l’édition 2024, la soirée de lancement du FIMO (Festival International de la Mode) Yas 2025 est restée plus classique mais l’incontestable qualité du show a ravi les spectateurs venus en masse découvrir les multiples talents des créateurs togolais. De beaux moments de danse et de chants sont également venus ponctuer les séances de défilé. Une vraie réussite.
Le thème retenu cette année, la lutte contre le cancer, pouvait difficilement rivaliser en matière d’audace et d’inventivité avec celui de l’édition précédente, l’écologie. La scénographie qui avait véritablement investi la jauge du Magic Mirrors de l’Institut français au point d’en exploiter tout le potentiel a laissé la place à quelque chose de plus sobre cette année. Les tenues faites de bric et de broc (sac poubelle, barquettes en polystyrène and co) étaient bien plus classiques pour cette édition. Mais le show n’en a pas moins été très réussi.

DES COIFFURES PARTICULIÈREMENT SOIGNÉES
Quelques discours sobres (sans sponsors, pas de fête…) ont rapidement cédé le pas au spectacle avec près de trente créateurs qui se sont succédé sur scène. En trois tableaux entrecoupés d’un intermède rapide mais efficace, ils ont déployé une symphonie de couleurs, de formes et de créativité, mariant étoffes et accessoires dans une belle harmonie. Du court, du long, du mi-cuisse, du polo, du bustier, de l’étole glissant sur le sol ou encore du lisse ou du froncé, l’ensemble affiché une pertinente tenue. Comme pour conjurer la maladie qui est le thème de cette édition, ce fichu cancer qui provoque la chute inexorable des cheveux, les coiffures affichaient une indiscutable recherche et une forte originalité.
Loin des défilés parfois moroses qu’abritent les palaces parisiens, le sens de la fête si typiquement africain n’était pas en reste. Les musiques, bien choisies, ont permis quelques pas de danse et leur inévitable corolaire, lui aussi bien souvent absent en occident : les sourires…

DE BEAUX INTERMÈDES
Des sourires qui n’ont pas empêché un très beau moment d’émotion offert par le tout jeune « Le rosignol », 18 ans, qui, en tenue de médecin et stéthoscope autour du cou, a livré une performance puissante sur un texte qu’il a écrit et évoquant la maladie. Maitrisant parfaitement sa scansion, martelant son message comme un guerrier partant en croisade en faveur de la prévention (dépistage etc.) il a recueilli un tonnerre d’applaudissements amplement justifiés. De leur côté, Hendrik et sa douce voix ont accompagné le travail de celui qu’on ne présente plus, Jacques Logoh, pour un moment suspendu alors que son collègue, You Omole Ifé nous a offert une prestation tout droit venue du Cameroun dans des rythmes soft plus ancrés dans le tissu musical africain.

On pourra juste regretter que ne soient pas représentés, comme cela arrive pourtant souvent en Afrique, des physiques moins destinés au mannequinat dans son acception occidentale. Les « apoutchous » chers aux Ivoiriens manquaient un peu et auraient permis d’apprécier aussi des formes sortant de l’ordinaire dont la mode venue d’Europe se contente souvent…
Grace à une organisation au cordeau, les spectateurs se sont réjouis d’un moment magique qui laisse augurer le très haut niveau de qualité de cette 12ème édition de ce rendez-vous désormais incontournable.
Franck BORTELLE












