AH LA BELLE « KONE-RIE » !

Charlie Chaplin doit tellement se retourner dans sa tombe en voyant cette ruée vers l’or qu’il sert de ventilateur à tout le cimetière…Un scénario débile, des dialogues écrits du pied gauche et une mise en scène complètement à côté de la plaque. Pas l’esquisse d’un sourire pour cette soi-disant comédie. Avec en prime une bonne dose de misogynie et d’homophobie. Les rares comédiens qui parviennent péniblement à émerger de ce galimatias filmique ne sauvent évidemment pas du naufrage cet irrécupérable navet.

 

Cinq kilos d’or sont planqués quelque part dans un village. Avant de mourir, un détenu esquisse un croquis de l’emplacement du butin et le laisse à son ami qui part séance tenante, après avoir promis de s’occuper de la veuve. Arrivé sur place, il découvre que le village est désormais une ville et que le maire y fait n’importe quoi. La jeune veuve, pas vraiment éplorée, voit dans le messianique clampin l’occasion de faire fortune. Le seul problème est que l’emplacement de l’or est précisément là où a été construite la mairie.

Après « Warren Taxi » et autres ratages monumentaux, force est de constater que le cinéma ivoirien, à quelques exceptions près, demeure bien bas du plafond depuis quelques années. Entre des cinéastes qui n’en ont que le nom mais se propulsent formateurs, les soirées de remises de récompenses pour lesquelles on racle les fonds de tiroirs pour trouver des candidats et cette fâcheuse propension à ne soigner que l’affiche (la façade, toujours la façade), le 7ème art ivoirien, qui se veut pimenté selon cette page Facebook éponyme, déversoir où le béotisme règne en maître, a non seulement touché le fond mais continue à creuser.

MACHO MACHO MEN !

Le nouveau film d’Olivier Koné,  bien connu pour ne pas franchement faire l’unanimité avec des méthodes pas très orthodoxes en terme de propriété intellectuelle, ne dépareille pas du lot. Voilà un film qui cumule une médiocrité scénaristique impressionnante, une homophobie même pas sibylline et un machisme qu’on pourrait presque qualifier d’endémique, les deux personnages féminins principaux revêtant en effet les atours d’une potiche et d’une pute.

Torché par un scénariste plus proche du pisse-copie que de l’artiste et qui n’a jamais caché son « occidentalophobie » radicale (on se demande même comment, dans ce film, il a pu accorder à l’Italie le mérite d’être un modèle en matière d’élégance vestimentaire), ce salmigondis ne va réserver aucune surprise. Des gags visuels que même Max Pécas (le plus nul des cinéastes français mais qui au moins l’assumait pleinement) n’aurait pas osé il y a 50 ans, un dialogue évidemment d’une désespérante pauvreté (n’est pas Zidi, Kaminka ou Allen qui veut), une narration sans la moindre tenue : voilà ce qui attend le spectateur qui ira se fourvoyer dans les aventures de cet édile de pacotille.

HELAS POUR EUX…

Dommage pour l’idée de départ qui aurait pu, bien exploitée, donner une vraie comédie, enlevée et explosive mais surtout grinçante. Dommage aussi pour quelques comédiens qui sont vraiment bons. Tant pis également pour la direction photo tout à fait correcte. Ça ne suffira pas à faire se gondoler le public de rire ailleurs que sur le territoire ivoirien. Les Loméens ont accueilli tout ça avec frilosité et les avis recueillis faisaient surtout état d’une incompréhension des dialogues, le sabir nouchi prévalant dans de nombreuses séquences.

A Lomé, soit une heure d’avion d’Abidjan, la sauce ne prend pas. Il serait donc temps de se poser les bonnes questions car pour être la locomotive du 7ème art ouest-africain, il serait judicieux d’en avoir l’envergure sous peine de lamentablement dérailler… 

Franck BORTELLE

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