AKWABA, L’IVOIRIEN !

Les Togolais ont accueilli en triomphe la nouvelle idole du rap africain qui leur a offert un concert décoiffant où s’entremêlaient musique et punchlines, générosité et émotion. Une bête de scène assurément, qu’on aime ou pas ce type de sonorité…

L’ambiance était survoltée sur l’esplanade du Marché de Cacavéli ce samedi soir. Après deux spectacles qui avaient attiré un public disparate, la foule s’est rapidement intensifiée pour recevoir en bonne et due forme la vedette de la soirée. Guy Ange Emmanuel, alias Suspect 95, passée une entrée fracassante sous une débauche de lumières, a enchainé, en semi-live (un bémol à souligner tout de même) les titres de son premier album « Société suspecte ». Un mélange de français et de nouchi, ce sabir des rues de Youpougon et Abobo, mais que de toute évidence les Togolais ne peinent guère à retenir.

UNE SHOW BASÉ SUR LA RENCONTRE

L’impression qui dominait toutefois était celle d’une rencontre au sens fort de l’artiste avec son public et pour un peu, la prestation musicale paraissait reléguée au second plan. En effet, la communion avec les fans a souvent pris le dessus, le rappeur n’hésitant pas à digresser (on le sait très bavard et il ne s’en défend d’ailleurs pas vraiment) sous la forme de punchlines sur les us et coutumes de son pays d’origine et celui qui l’accueillait. Garçon redoutable dans la répartie et doté d’une intelligence jamais en berne, il s’est livré avec une délectation palpable à ses joutes amicales pour la plus grande jubilation de son auditoire.

GÉNÉROSITÉ ET SIMPLICITÉ

Dans une même volonté de communion, il a, chose rare, invité sur scène trois rappeurs parmi le public pour les laisser croiser le fer avec une récompense à l’appui. Trois heureux assurément qui ont pu ensuite s’entretenir avec leur idole, jamais avare de conseils réfléchis (cf portrait dans la rubrique musique). Cette approche avec le public profondément généreuse n’a rien de factice. A 28 ans, conscient de son parcours et des embuches qu’il a dû subir, il a la reconnaissance sincère. Si l’on ajoute à cela une phénoménale présence scénique, on obtient un spectacle fortement recommandable, qu’on aime le rap ou pas. L’ambiance vaut à elle seule le détour et lorsque, vers la fin, un fan lui lance un maillot du Togo estampillé d’un 95 dans le dos, l’inattendu s’invite autant qu’une émotion non feinte. Une chaleur humaine émane de cet artiste dont on ne peut que souhaiter qu’il conserve longtemps cette simplicité, cette fraîcheur et cette pureté d’âme.

Franck BORTELLE

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