D’UN PARADIS À L’AUTRE

Une belle maison dans un écrin de verdure servant d’atelier à l’entrée de Kpalimé et une ferme à quelques dizaines de minutes de là : tel est le programme de la visite que nous vous proposons pour aller à la rencontre d’un couple atypique qui nous ouvre ses portes pour nous parler de nourriture saine.

Nous ouvrirons régulièrement nos colonnes à une autre forme de culture, celle sans laquelle l’autre, celle dite « officielle », ne serait rien. Car en effet, qui pourrait se targuer de faire du cinéma, d’écrire des romans ou de répéter des chorégraphies des heures durant si l’organisme ne suit pas, s’il est maltraité par une bouffe saturée de chimie ? Notre premier reportage nous a menés chez Pascaline et Boukari, couple belgo-togolais qui ont érigé en postulat que le bien-être passe par le bien-manger. 

La première partie de la visite se passe à l’entrée de Kpalimé dans une maison au milieu d’une espèce de clairière. Accueillis par une meute de chiens moins méchants que trouillards, nous sentons immédiatement que le lieu respire la sérénité. On y passerait volontiers un week-end de contemplations dignes du père Hugo. Mais ne nous y trompons pas : la patronne veille… C’est aujourd’hui que va tourner à plein régime la machine manuelle à faire de la saucisse. De la saucisse au Togo ? Absolument ! De la saucisse de Toulouse à faire saliver un Occitan. Fortement aidée par le jeune Charles et son ainé Kossi qu’elle a bien sûr formés (nous y reviendrons), Pascaline nous explique que tout ce qu’elle vend issu du porc provient d’un animal qu’elle a elle-même élevé. Il va de soi que tout produit chimique, déjà à ce stade-là, est proscrit. « Le dernier faisait 120 kilos. C’est pas mal déjà ». Effectivement, à partir de là, il y a de quoi faire. L’animal une fois tué sera découpé et débité en autant de morceaux que tous les amateurs de viande porcine connaissent bien, du filet mignon aux grillades en passant par les rôtis et autres jarrets. 

DES FRUITS, DES CONFITURES, DES SIROPS…

Mais cet atelier de transformation n’est pas exclusivement dédié à la viande. En effet, c’est également là que Pascaline fabrique ses sirops et ses confitures. Bissap et mandarine-citron pour les sirops. Pomme de cajou et papaye citron pour les confitures. N’y cherchez pas le moindre édulcorant ou agent conservateur : c’est du fruit et du sucre, ni plus ni moins. 

Nous passons devant un parterre de citrons gros comme des oranges à l’abri du soleil. Ils constituent une des fiertés de la patronne. Il y a de quoi : succulents et juteux à souhait, issus d’arbres greffés et bien sûr 100% bio, ils sont un des produits phare de la ferme où nous allons nous rendre de suite. 

En route pour la Ferme des deux collines. L’arrivée dans ce second paradis se mérite. Une bonne heure de route par un chemin pas encore goudronné (une promesse des autorités locales…) et nous voilà au milieu de nulle part. Une exploitation de 135 hectares que longent deux kilomètres du fleuve Zio. Idéal pour l’irrigation, bien sûr. 

LE TRIOMPHE DE LA NATURE

Une vaste bâtisse sertie d’un écrin de verdure et de fleurs : c’est le  Paradou de Zola dans « La faute de l’Abbé Mouret ». Le temps s’est immobilisé, la nature triomphe, le calme nous envahit. Seuls quelques bulbuls, ces oiseaux au regard malicieux présents dans toute l’Afrique de l’Ouest, font écho à nos pas que foulent cette terre qui n’a jamais vu un pesticide. 

C’est donc de là que proviennent les fameux porcs évoqués ci-dessus. Nous retrouvons Charles, garçon polyvalent et courageux, qui nous conduit dans chaque partie de la ferme car c’est l’heure de nourrir tout ce beau monde. Canards, pintades, vaches, dindons… Que des produits naturels, bien sûr sinon à quoi bon prôner le bio ? 

La visite se poursuivra jusqu’à la rivière au cours d’une petite marche qu’observe de loin le mont Ogou, point culminant du pays et qui nous mènera vers les arbres fruitiers, le maïs, le bissap et tous les légumes possibles et imaginables. Puis Boukari nous fera une démonstration de l’utilisation des appareils car pour parvenir à faire vivre une telle exploitation, il faut du matériel, de la pompe à irrigation à la calibreuse pour les semences. 

UN PERSONNEL RESPECTÉ ET DÉVOUÉ

Le matériel, c’est bien beau, mais qui le fait fonctionner ? C’est là qu’interviennent bien sûr les personnels. Trois ouvriers permanents mariés avec enfants, deux bouviers qui gardent les animaux, Charles technicien agricole polyvalent passionné par tout ce qui touche à la ferme. « C’est un peu notre fils adoptif » nous dit Pascaline de ce valeureux garçon qui nous aura fait visiter les lieux, le sourire toujours aux lèvres et en compagnie de Catherine, jeune stagiaire. Des stagiaires, il y en a beaucoup à la ferme. Souvent venus de leur plein gré pour parfaire leurs connaissances ou envoyés par l’Institut national des formations agricoles (INFA). Pendant les vacances scolaires, des jeunes viennent travailler pour financer leurs études et sont logés et nourris sur place. Des femmes des villages avoisinants viennent également parfois notamment pour les récoltes et le travail de tri des graines. 

La Ferme des deux collines ensoleillées n’est donc pas seulement cette thébaïde où règne cette sérénité. C’est bel et bien une exploitation avec deux patrons qui veillent au grain. Deux patrons qui ont pour passions leur métier et sa transmission ainsi que l’ambition d’aller plus loin encore dans la formation. Et voir ces jeunes Togolais s’affairer aux travaux de la ferme avec autant d’acharnement et d’opiniâtreté est bien le meilleur garant de la qualité de tout ce qui se passe dans ce lieu débordant d’activités.

Franck BORTELLE

La Ferme des deux collines ensoleillées. Téléphone et WhatsApp : 00 228 91 13 37 17

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