UN CORPS À CORPS AVEC LE DÉCOR

Dans un spectacle loin d’être bidon, le Malien Makan Gaoussou Coulibaly exprime comment corps et décor peuvent s’affronter, se dompter malgré un très précaire équilibre dans tous les sens du terme. Une proposition haute en couleurs, très incarnée qui méritait largement le détour.

Le directeur adjoint de l’Institut français, Alain Laéron, l’a signalé à l’issue de la représentation : ce spectacle dans un autre lieu devient au autre spectacle. On le croit volontiers car, effectivement, les pelouses de l’Institut français au vert soutenu ont constitué un élément du décor pour composer une gamme chromatique qui eut été totalement différente sur du sable ou un plancher. Ce détail, qui n’en est pas vraiment un, s’inscrit dans la volonté de l’artiste de faire ressortir les couleurs. Lui-même vêtu d’un ensemble bleu Klein et évoluant avec des bidons d’un rouge andrinople, il affiche très clairement ses intentions visuelles.

SENSUEL ET ENRAGÉ

Son spectacle propose, en contrepoint à cette formule chromatique très fermement assumée, la fragilité de notre rapport au monde et aux choses qui nous entourent. Dans un exercice puissamment incarné, l’artiste va faire, quarante minutes durant, corps avec son décor. Dans des numéros très bi-dimensionnels, il va utiliser ces accessoires comme un décor modulable mais aussi comme des outils pour exprimer ses émotions les plus diverses. Entre sensualité quasi lascive et rage explosive, il joue de son corps avec une belle facilité, le mettant à l’épreuve dans un ensemble où la sonorité joue également un rôle important. Cette manière de sculpter l’espace en jouant sur la fragilité et et le caractère très éphémère des choses donne un résultat particulièrement séduisant. Une proposition loin d’être vide de contenu, assurément…

Franck BORTELLE

Chorégraphe : Lassina Kone

Interprète : Makan Gaoussou Coulibaly

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